HHendaye été 1964, que de souffrances...

Date: 25/09/2022 | Par: Brigitte

Hendaye été 1964, que de souffrances...

Tout d'abord un immense merci à Christophe, qui a créé ce blog et merci à vous tous pour vos témoignages. Car c'est grâce à ces témoignages que j'ai compris que je n'étais pas la seule à avoir souffert dans cette colonie sanitaire. J'ai pensé naïvement, toutes ces années, que c'était moi qui n'avait pas su m'adapter à cet univers que l'on peut qualifier de "carcéral".

J'avais 9 ans, en juillet 1964, quand je suis arrivée à "L'Enfant Roi". J'étais dans le groupe des Caravelles.
J'étais une enfant petite et menue. A l'époque, mes parents avaient été convaincus que ce séjour me serait bénéfique. Bien sûr, mes parents n'avaient pas les moyens financiers de partir en vacances.

Comme en attestent beaucoup de témoignages, à l'arrivée, mes vêtements personnels m'ont été retirés, sauf le pyjama. En échange, m'ont été fournis des uniformes en éponges rouges qui ne nous étaient pas attribués personnellement ! Cela inaugurait, ce que j'appelle, un début de déhumanisation...

Puis j'ai découvert beaucoup de brimades déjà décrites, obligation de finir ses assiettes, siestes interminables (têtes -bêches pour ne pas parler avec sa copine ! Et avec certaines cheftaines une demie heure sur le ventre et une demie heure sur le dos), la visite médicale, la pesée, le tourniquet de la douche en plein air...

Je me souviens également de l'arrivée du courrier, tant attendue. Nous étions assises devant nos cheftaines et nous les regardions lire les lettres de nos parents avant qu'elles nous les donnent !
Nous écrivions le courrier au crayon à papier, sur un petit carton, afin que les cheftaines puissent effacer et corriger !
Je revois encore nettement le visage du Docteur Meur qui me (nous) terrorisait.
Je ressens encore en moi une immense tristesse, une grande solitude affective en repensant à cette époque.

J'étais tellement malheureuse, que j'ai décidé de m'enfuir !
Un matin, au lever du jour, pendant que tout le monde dormait, je me suis échappée, en pyjama. J'ai quitté la colonie et j'ai marché le long de la route de la corniche. Là, le premier véhicule qui est passé, c'était le laitier, m'a ramenée, bien entendu directement à la colonie !
A partir de ce jour, j'ai eu droit à un traitement spécial, je ne dormais plus au dortoir, mais à l'infirmerie et tous les soirs, au coucher, on me donnait une petite pillule !!!

Enfin, début septembre, mes parents ont eu l'autorisation de venir me voir. On ne leur avait même pas signalé ma fugue ! Mes parents ont décidé de me ramener. Je revois encore le docteur Meur, dire ou plûtot crier à mes parents : "Votre fille est rachitique, et elle le restera toute sa vie !"
Mais ce ne fut pas le cas !

En lisant les témoignages, j'en déduis que le départ du Dr Meur et que l'arrivée du Dr Labèque (que je n'ai pas connu) marque un tournant positif dans les conditions d'accueil, soit fin 1964.

Je me sens solidaire avec vous tous.

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